En effet, la fécondité élevée rapportée au Burundi, soit 6,2enfants par femme place le Burundi parmi les pays qui enregistrent une forte mortalité maternelle, estimée à 712 pour 100 mille naissances vivantes. C’est ainsi que le Ministère de la Santé Publique à travers le PNSR en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) s’est investi à renforcer les interventions visant la prévention des décès maternels par l’amélioration de l’accès et l’utilisation des services de la planification familiale et ce, grâce au financement du DFID.
La Planification Familiale au niveau communautaire et la participation forte des Hommes
Pour atteindre de meilleurs résultats, il a d’abord fallu renforcer la distribution à base communautaire des contraceptifs pour rapprocher les services de la planification familiale auprès de la population et aussi la participation active des hommes à la promotion et à la pratique de la planification familiale.
Damien GAHUTU, provient de la communauté minoritaire des Batwa. Des 12 enfants qu’il a eu avec sa femme, il leur en reste 7 en vie. Avec sa femme, la vasectomie a été leur solution. Il témoigne :
« J’ai eu 12 enfants avec ma femme et 5 sont déjà morts. A cause de la pauvreté surtout au sein de notre communauté Batwa, je ne pouvais pas subvenir aux besoins de ma famille. Je ne pouvais pas assurer l’alimentation de mes enfants ou les faire soigner quand ils tombent malade et encore moins leur maman. A chaque fois, je mettais ma femme enceinte et ça nous inquiétaient sérieusement, surtout que nos enfants mouraient l’un après l’autre. Ma rencontre avec un agent de santé communautaire a été notre issu de secours. On m’a non seulement parlé de la planification familiale et des différentes méthodes contraceptives mais mieux encore, on m’a accompagné au centre de santé de Gashikanwa qui alors m’a énormément aidé et a répondu à toutes les inquiétudes que j’avais. Ayant été suffisamment informé sur la planification familiale, j’étais plus que convaincu que le meilleur choix pour ma femme et moi était la vasectomie. Ma femme était on ne peut plus que d’accord avec moi, car elle aussi était très fatiguée et épuisée »
« Je n’ai jamais été plus viril que maintenant. Le manque de virilité chez l’homme n’a rien à voir avec la vasectomie, je le dis d’expérience. Par contre, je satisfais encore mieux sexuellement ma femme car on n’est pas stressé et inquiet d’avoir d’autres enfants. Je suis sûr que sans cela, si je n’avais pas fait de vasectomie on en serait aujourd’hui à 20, puisque on était déjà à 12 enfants. Comment allais-je arriver à entretenir ma famille dans ces conditions ? »
Selon Christine SIBOMANA, agent de santé communautaire à Gashikanwa ce n’est pas évident que la population au niveau communautaire adhère aux informations sur la santé de la reproduction et sur l’importance de la pratique de la planification familiale qu’ils partagent au sein de la communauté. La meilleure manière de le faire c’est d’illustrer par le quotidien de cette population:
La participation communautaire et celle des hommes en province de Ngozi propulse ladite province en tête au niveau national avec un taux de l’utilisation des méthodes contraceptives modernes de 73%. Ceci c’est au moment où ce taux au niveau national est de 42.5%.
En outre, grâce au financement DFID au Gouvernement du Burundi à travers UNFPA, la participation des hommes, stratégie clef pour accroître l’acceptabilité et la continuité des services de la planification familiale a contribué à l’augmentation du nombre d’utilisateurs de méthodes contraceptives modernes, passant de 474 590 en 2015 à 508 105 en 2016.
De plus, l’effectif des vies des femmes et filles qui ont été sauvées au niveau national a également augmenté passant de 733 décès maternels évités en 2015 à 785 décès maternels évités en 2016.