Vous êtes ici

 

Au Burundi, 2424 jeunes filles sont tombées enceintes alors qu’elles étaient encore sur le banc de l’école. Ces chiffres ont été collectés lors de l’édition « Zéro grossesse 2015 ». Parmi ces jeunes filles, il y’en a qui se sentent obligées d’abandonner l’école à cause de cette grossesse précoce et non désirée, ce qui constitue sans nul doute un frein pour leur avenir. Non informées, certaines retombent plusieurs fois enceinte et ce, toujours précocement, sacrifiant leur bon avenir.

Pour trouver solution à cette situation, le Gouvernement du Burundi à travers son Ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida, appuyé par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) sous financement du DFID s’est investi dans l’amélioration de l’accès à l’information et aux services de la santé de la reproduction par les jeunes et les adolescents mais aussi dans le renforcement du système sanitaire ainsi que la formation des éducateurs pour éviter les grossesses et mariages précoces.

Ainsi des jeunes pairs éducateurs ont été formés pour qu’ils prennent le flambeau, flambeau à relayer aux autres jeunes. En effet, il n’y a pas de meilleures façons d’atteindre facilement les jeunes et de se faire comprendre par eux si ce n’est que par leurs semblables. De jeunes pairs éducateurs formés en 2016 en province de Ngozi, à Gashikanwa précisément, nous témoignent leurs expériences dans cette noble mission qui est la leur.

 

 L’information des jeunes à la santé sexuelle et reproductive par les jeunes

Evelyne NIBITANGA a 21 ans. Elle indique s’investir en tant que jeune pair éducateur à être auprès de ces jeunes filles qui tombent enceinte précocement afin de les aider à ne plus revivre cette expérience: « Les jeunes filles qui tombent précocement enceinte sont souvent pointées du doigt et recroquevillées sur elles-mêmes sans aucune information et sans aucune aide. Nous en tant que jeunes pairs éducateurs nous avons été formées sur la manière dont il faudrait les approcher et les guider. Ainsi, nous nous mettons à leur écoute, discutons avec elles tout en les rassurant que ce n’est pas la fin du monde pour elles mais que par contre il y’a encore moyen de continuer leur vie en retournant à l’école et ce pour leur meilleur avenir et celui de l’enfant qu’elle porte désormais. Dans notre propre langage propre aux jeunes, nous échangeons sur les services de planification familiale disponible pour tout un chacun. C’est dans ce cadre que nous les encourageons à se diriger au centre de santé ami des jeunes de Gashikanwa pour non seulement se faire aider à mettre au monde leur bébé dans les meilleures conditions mais aussi à recevoir des informations et des services qui lui permettront de ne plus retomber si vite enceinte, mais de repousser de plusieurs années sa deuxième grossesse. Comme leur mentor, nous les y accompagnons ».

Ces jeunes pairs éducateurs rencontrent leurs compères à plusieurs rassemblements de jeunes comme dans les écoles, dans les lieux de divertissements de jeunes, dans leur voisinage et communautés. De plus, ces jeunes se rencontrent une fois par semaine. « Nous les jeunes et surtout jeunes filles et adolescentes, rencontrons beaucoup de tentations qui peuvent être source de grossesses précoces et non désirées et même de contraction du VIH Sida. C’est pourquoi c’est très important de nous rencontrer entre nous, pour discuter et échanger seul à seul et carte sur table. Ainsi, nous nous rencontrons tous les mercredis au centre de santé ami des jeunes de Gashikanwa », indique Chantal YARANGARUKIYE, jeune pair éducateur, âgé de 25 ans. Elle ajoute que pendant ces rencontres, les jeunes pairs éducateurs ont une autre bonne occasion de partager leurs connaissances acquises sur la santé sexuelle et reproductive chez les jeunes et les adolescents, appuyés par les infirmiers sur place. C’est aussi une occasion d’échanger sur les meilleures façons d’éviter les différentes tentations qu’ils rencontrent dans leur jeune âge et de se concentrer plus tôt sur les études et sur leur avenir.

« Pendant ces rencontres hebdomadaires au centre de santé ami des jeunes de Gashikanwa, nous regardons certains films illustrant le danger qui guette les jeunes non informés sur la disponibilité des services de la Planification Familiale. Autour des films visualisés ou des jeux, nous engageons nos discussions, et des conseils sont donnés non seulement pour prévenir les grossesses précoces et non désirées et la contraction du VIH Sida mais aussi et surtout c’est une occasion de prodiguer des conseils et des informations nécessaires aux jeunes filles qui sont tombées enceintes afin qu’elles bénéficient des outils nécessaires qui leur permettront de protéger non seulement leur santé et celle de leur nouveau-né mais aussi qui leur permettront de ne pas précocement retomber enceinte. »

Chantal précise que ces discussions hebdomadaires entre jeunes se font en toute confidentialité et remercie par la même occasion UNFPA pour les formations des infirmiers qu’il a appuyées au sein des centres de santé amis de jeunes, permettant l’existence d’un espace et d’un cadre pour les jeunes où ils peuvent s’exprimer et être écoutés, conseillés et guidés sans qu’ils aient à se sentir jugés ou incompris.

 

De plus, ces jeunes pairs éducateurs ont exprimé le besoin des jeunes de discuter de la sexualité et de leur santé reproductive avec leurs parents. « C’est très important que les parents discutent avec leurs enfants. Certains jeunes indiquent se faire juger par leurs parents ou leurs familles quand ils mentionnent qu’ils vont dans ces rencontres hebdomadaires avec d’autres jeunes au centre de santé ami de jeunes. Certaines jeunes filles indiquent qu’elles sont accusées d’être déjà enceinte et/ou de se préparer à mener une vie de débauche sinon elles n’iraient pas à ces rencontres où elles apprennent sur leur santé reproductive », témoigne Candide MANARIYO, jeune pair éducateur de 24 ans. Elle indique que le fait que ces jeunes restent quand même réceptifs et répondent toujours à ce rendez-vous hebdomadaire malgré les découragements qu’ils subissent de la part de leur famille prouve qu’ils comprennent l’importance d’être informé et sensibilisé sur leur Santé sexuelle et reproductive.

   Aperçu Global

Pour s’assurer que jeunes et adolescents burundais continueront à avoir un cadre propre à eux pour être informé sur l’existence et l’accessibilité des services de santé sexuelle et reproductive, UNFPA a rendu fonctionnels 8 centres amis de jeunes. Ainsi 125 833 jeunes burundais ont bénéficié de services dans ces centres amis des jeunes.

En outre, les capacités des acteurs du Ministère en charge de l’Education ont été renforcés pour encadrer les activités de lutte contre les grossesses en milieu scolaire. C'est ainsi que l’élève burundais de 7ème, 8ème et 9ème de l’école fondamentale a un manuel scolaire contenant les informations sur la santé sexuelle et reproductive adapté à son âge. Ceci lui permettra de prendre des décisions éclairées pour sa santé.

Par conséquent, les données collectées pour l’année 2016 illustre une amélioration. Alors que pour l’année 2015, les cas de grossesses chez les jeunes étant toujours à l’école s’estimaient à 2424 soit 761 filles de l’école primaire et 1663 de l’école secondaire, pour l’année 2016, les jeunes filles qui sont tombées enceinte en milieu scolaire sont à 2208 soit 1519 à l’école fondamentale et 689 post-fondamental. UNFPA continuent également en collaboration avec ces partenaires à investir dans la plaidoirie pour les jeunes et les adolescent(e)s afin que leurs droits à la santé, à l’éducation et à l’épanouissement de leur potentiel soient respectés et intégrés dans tous les programmes du pays.