“A mon reveil, je n’avais pas de bébé, mais j’avais plutôt un lit mouillé, ne sachant pas ce qui m’arrivait…”, partage avec émotion Jeanine Nduwayezu, une femme qui a souffert de fistule obstétricale. Jeanine, faisait partie de plusieurs bénéficiaires et partenaires présents ce 31 janvier 2025, à Bujumbura, où l’UNFPA Burundi, en collaboration avec le Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement, a présenté ses résultats pour l’année 2024 lors de la revue annuelle du programme de coopération Burundi-UNFPA.
Cet événement a permis d’évaluer les progrès réalisés, mais surtout de rappeler qu’au-delà des chiffres, il y a des vies transformées et des communautés qui retrouvent espoir. Divers témoignages poignants rappellent l'importance de notre action commune et mettent en lumière les changements dus aux interventions menées tout au long de l’année.
Des rêves, un avenir: l'UNFPA investit dans le potentiel des jeunes
Gaëlla AKIMANA, une jeune mère sourde-muette, est tombée enceinte très jeune après avoir été manipulée par un homme. “Parfois, lorsque vous vivez avec un handicap et que quelqu'un s'intéresse à vous, vous pensez que c'est quelque chose de spécial. C’est facile de se faire manipuler.”
Confrontée au rejet de sa famille, ses amis, la société et aux difficultés financières, sa vie a changé grâce à une formation en coupe et couture offerte par l'UNFPA en collaboration avec le Centre des Jeunes de Kamenge. Elle y a appris la couture qui a été complétée avec des notions liées à la santé sexuelle et reproductive, la lutte contre les violences basées sur le genre, le leadership, l'estime de soi. Grâce à cette dernière, elle subvient désormais aux besoins de son enfant. Gaëlla a regagné la confiance en elle et peut maintenant dire "non". Elle exprime sa profonde gratitude pour cette seconde chance là où elle n’y croyait plus.
Le parcours de Gaëlla témoigne de la diversité des opportunités offertes par l'UNFPA aux jeunes Burundais(es). Que ce soit en matière de santé sexuelle et reproductive, de lutte contre les violences basées sur le genre ou d'entrepreneuriat, l'UNFPA accompagne chaque jeune vers son épanouissement et la réalisation de son plein potentiel.
Fadette, jeune entrepreneure, est un autre exemple qu'il est possible de créer un projet viable avec un investissement minimal.. A la suite de la formation “Entreprendre avec Zéro Capital Extérieur”, elle a lancé son entreprise de fabrication et de vente de serviettes hygiéniques. “J’ai appris à exploiter mon capital intérieur, à mobiliser des ressources autrement, à épargner et à investir intelligemment”, témoigne-t-elle. Son parcours est une source d’inspiration pour les jeunes qui hésitent encore à se lancer dans l’entrepreneuriat avec comme frein le manque de financement des structures financières.
Lutter Contre les Fistules Obstétricales : L’Histoire de Jeanine
Jeanine Nduwayezu, victime d’une fistule obstétricale lors de son quatrième accouchement , a raconté son combat pour retrouver une vie normale. “Je me suis réveillée et mon lit était mouillé. Ma mère, paniquée, ne comprenait pas ce qui m’arrivait”, se souvient-elle. Grâce aux soins reçus au Centre Urumuri de Gitega; le seul centre prise en charge du pays; , appuyé par l’UNFPA, Jeanine a pu être soignée, après une période d’attente réglementaire de 3 mois pour les femmes ayant récemment accouché, et a ainsi retrouvé sa dignité.
Olivier MIBURO, son mari, a également marqué les esprits en témoignant de son soutien constant à son épouse en dépit des railleries essuyées. “Mon entourage me disait que je n’avais plus de femme, que je devais en chercher une autre… Mais après mûre réflexion, j’ai décidé de rester”, raconte-t-il. “Après sa guérison, l’'UNFPA nous a soutenus en nous donnant trois chèvres qui sont cinq actuellement et trois lapins qui sont maintenant au nombre de 30. On a donné certains à nos voisins même ceux qui nous stigmatisaient. Nous avons de quoi manger, du fumier pour notre potager. Nous pouvons également cultiver des bananiers car le fumier est disponible”. Ce récit met en lumière l’importance de sensibiliser les hommes pour qu’ils soutiennent leurs épouses confrontées à de telles épreuves.
Alors que des hommes comme Olivier MIBURO montrent l'importance du soutien familial, d'autres, comme Emile Wanduma, luttent contre la désinformation et les tabous, mettant en lumière le rôle crucial que chaque individu peut jouer dans la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs. Ces efforts collectifs sont essentiels pour briser le silence et encourager l'adoption de comportements responsables en matière de santé reproductive.
Emile est animateur communautaire dans le camp de réfugiés de Nyankanda, en province de Ruyigi. Il a partagé son expérience sur la sensibilisation à la planification familiale et à la lutte contre les violences basées sur le genre dans les camps de réfugiés. “Suite aux convictions religieuses, certains réfugiés pensaient que la planification familiale était démoniaque”, explique-t-il.
Grâce aux formations reçues par l'UNFPA, Emile et son équipe ont réussi à faire évoluer les mentalités et à encourager les familles à adopter la planification familiale pour mieux espacer les naissances et assurer un meilleur avenir à leurs enfants. Parallèlement, ils ont sensibilisé la communauté aux violences basées sur le genre, un problème souvent sous-estimé dans les camps de réfugiés.
D’autres partenaires ayant bénéficié de formations de renforcement des capacités ont pu aussi témoigner les changements qu’ils ont eu dans leur milieu de travail après avoir commencé à appliquer les acquis qu’ils ont reçus à travers UNFPA.
Fournir plus d’Efforts pour un Avenir Meilleur
Ces témoignages illustrent bien que les actions menées ont un impact réel sur la vie des populations. Cependant, ils rappellent également que le chemin reste long et que des efforts doivent être intensifiés pour toucher la majorité de la population.
Selon le Représentant Résident de l’UNFPA Burundi, Judicael ELIDJE, ces avancées ont pu être réalisées grâce à la mobilisation conjointe du Gouvernement, des partenaires et de la société civile. Parmi les réalisations notables, il a évoqué que les efforts portant sur la santé maternelle ont permis d’éviter 1000 décès maternels en 2024, un progrès significatif par rapport aux 870 évités l’année précédente. Grâce à la contraception moderne, 250 000 grossesses non intentionnelles et 46 000 avortements à risque ont été évités. L'UNFPA a contribué à améliorer le taux de prévalence contraceptive chez les femmes mariées qui a atteint 33,6 % en 2024, contre 30,1 % en 2023 (FP2030). Par ailleurs, 3 473 kits de dignité ont été distribués aux femmes et filles en âge de procréer qui sont dans des contextes de crise humanitaire liée aux changements climatiques et 1 080 femmes et filles vulnérables qui ont bénéficié d’un soutien financier pour entreprendre des activités génératrices de revenus. Le Représentant a aussi mentionné d’autres réalisations telles que la formation “Entreprendre avec Zéro Capital Extérieur”, qui a permis à 196 jeunes sur les 350 formés de lancer leurs propres entreprises sans recourir au capital extérieur.
Il conclut en soulignant le fait que malgré ces avancées, des défis persistent. En effet, il est à noter que certaines communautés n’ont toujours pas accès aux services essentiels, et des mentalités résistantes freinent l’adoption de pratiques bénéfiques pour la santé et le bien-être des familles.
Lors de son intervention, le Directeur Général chargé des Relations Multilatérales au sein du Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement, Amb. Gaudence NSINDAYIGAYA a souligné l'importance de la mobilisation de toutes les parties prenantes pour atteindre les objectifs du programme. Il a réaffirmé l'engagement du Ministère à renforcer cette collaboration et à l’améliorer continuellement.
Ils ont également mis en exergue les efforts à fournir pour garantir un accès équitable aux services de santé reproductive, de planification familiale et de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). La revue annuelle s’est clôturée par une séance d’échanges sur les défis et priorités pour l’année 2025.
Concluons en soulignant que c'est en consolidant les acquis et en surmontant les défis que l’UNFPA, le Gouvernement Burundais et leurs partenaires pourront continuer à bâtir un avenir plus inclusif et plus prospère pour tous. L’engagement de tout un chacun reste essentiel pour poursuivre cette dynamique et garantir des résultats encore plus significatifs dans les années à venir. Il est à noter que l'année 2024 marque le début du 9ème programme de coopération entre le Gouvernement du Burundi et l'UNFPA. Ces réalisations n’auraient pas été possibles sans le leadership du Gouvernement burundais, le soutien de nos partenaires techniques et financiers, ainsi que l'engagement de la société civile.
Par Jessé Kelly INKURIZE