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Quand la participation des hommes à la planification familiale transforme la vie des familles

Quand la participation des hommes à la planification familiale transforme la vie des familles

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Quand la participation des hommes à la planification familiale transforme la vie des familles

calendar_today 25 avril 2017

Nous sommes à Gashikanwa, une commune de la Province de Ngozi, au nord du Burundi à la rencontre de plusieurs pères et mères de familles de cette commune. Sourire aux lèvres, ils témoignent, avec conviction, être en train de vivre une transformation radicale dans leur foyer et être plus épanouis dans leur vie de couple et de famille. La cause, c’est l’utilisation des méthodes de Planification Familiale, comme l’ont certifié ces parents.

En effet, la fécondité élevée rapportée au Burundi, soit 6,2enfants par femme place le Burundi parmi les pays qui enregistrent une forte mortalité maternelle, estimée à 712 pour 100 mille naissances vivantes. C’est ainsi que le Ministère de la Santé Publique à travers le PNSR en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) s’est investi à renforcer les interventions visant la prévention des décès maternels par l’amélioration de l’accès et l’utilisation des services de la planification familiale et ce, grâce au financement du DFID.

   La Planification Familiale au niveau communautaire et la participation forte des Hommes

Pour atteindre de meilleurs résultats, il a d’abord fallu renforcer la distribution à base communautaire des contraceptifs pour rapprocher les services de la planification familiale auprès de la population et aussi la participation active des hommes à la promotion et à la pratique de la planification familiale. Damien GAHUTU, provient de la communauté minoritaire des Batwa. Des 12 enfants qu’il a eu avec sa femme, il leur en reste 7 en vie. Avec sa femme, la vasectomie a été leur solution. Il témoigne :

« J’ai eu 12 enfants avec ma femme et 5 sont déjà morts. A cause de la pauvreté surtout au sein de notre communauté Batwa, je ne pouvais pas subvenir aux besoins de ma famille. Je ne pouvais pasChristine SIBOMANA assurer l’alimentation de mes enfants ou les faire soigner quand ils tombent malade et encore moins leur maman. A chaque fois, je mettais ma femme enceinte et ça nous inquiétaient sérieusement, surtout que nos enfants mouraient l’un après l’autre. Ma rencontre avec un agent de santé communautaire a été notre issu de secours. On m’a non seulement parlé de la planification familiale et des différentes méthodes contraceptives mais mieux encore, on m’a accompagné au centre de santé de Gashikanwa qui alors m’a énormément aidé et a répondu à toutes les inquiétudes que j’avais. Ayant été suffisamment informé sur la planification familiale, j’étais plus que convaincu que le meilleur choix pour ma femme et moi était la vasectomie. Ma femme était on ne peut plus que d’accord avec moi, car elle aussi était très fatiguée et épuisée »

Aux opinions doutant de la virilité de l’homme après avoir fait la vasectomie, Damien Gahutu n’y va pas par quatre chemins pour y répondre : « Je n’ai jamais été plus virile que maintenant. Le manque de virilité chez l’homme n’a rien à voir avec la vasectomie, je le dis d’expérience. Par contre, je satisfais encore mieux sexuellement ma femme car on n’est pas stressé et inquiet d’avoir d’autres enfants. Je suis sûr que sans cela, si je n’avais pas fait de vasectomie on en serait aujourd’hui à 20, puisque on était déjà à 12 enfants. Comment allais-je arriver à entretenir ma famille dans ces conditions ? »

Selon , Christine SIBOMANA agent de santé communautaire à Gashikanwa ce n’est pas évident que la population au niveau communautaire adhère aux informations sur la santé de la reproduction et sur l’importance de la pratique de la planification familiale qu’ils partagent au sein de la communauté. La meilleure manière de le faire c’est d’illustrer par le quotidien de cette population : « Au sein de nos communautés, en parlant de la planification familiale, nous nous basons des réalités que ces familles sont en train de vivre à savoir la difficulté de subvenir aux besoins de leurs familles, la maladie, la mortalité infantile, les décès maternels, etc. Par leur vécu de tous les jours, ils parviennent à comprendre ce qu’on leur dit. Ceci nous aide à surmonter aussi les barrières religieuses, car la réalité que nous vivons prêche d’elle-même. C’est pourquoi parmi les agents de santé communautaire se trouvent hommes et femmes provenant de plusieurs religions, même celles qui ne sont pas favorable à la planification familiale. Cependant, on ne se fait pas tous les jours comprendre ».

Comme le disait l’agent de santé communautaire Christine Sibomana, il y’en a qui sont plus résistants et réticents à la planification familiale et à l’usage des méthodes contraceptives, à cause des informations erronées qu’ils reçoivent. Ceci c’est à l’instar de Adidja HATUNGIMANA, femme de 45 ans et mère de 4 enfants. Elle témoigne:  « Avant je ne voulais pas entendre parler de méthode contraceptive ou de la Planification Familiale. J’ai agressivement repoussé et rejeté l’agent de santé communautaire qui m’a approchée en premier. Je l’ai prise en ennemie surtout à cause des informations erronées que nous entendions sur les conséquences des méthodes contraceptives. Mais avec l’épuisement et l’incapacité que je ressentais de plus en plus de combiner les obligations familiales entre mettre au monde et m’occuper des travaux champêtres et de tous les devoirs d’une mère et épouse, j’ai repensé à ce que l’agent de santé communautaire m’avait dit. Je l’ai rappelé et sollicité son aide. Je l’ai cette fois-ci écoutée attentivement et toutes les inquiétudes que j’avais ont été dissipées quand elle m’a accompagné au centre de santé de Gashikanwa d’où j’ai tiré toutes les informations sur l’usage des méthodes contraceptives. Soutenu par mon mari, j’ai choisi la méthode qui semblait me convenir. Maintenant je me sens plus épanouis et plus apte à prendre soin de mon foyer et de m’occuper de mes enfants et de mon mari ».

Le succès que les agents de santé communautaire connaissent dans leur mission à Gashikanwa est dû au fait qu’ils ont compris qu’il faut d’abord servir de modèle mais aussi q’uil faut impliquer les hommes en tant que chef de ménage, comme l’indique Hassan MIBURO agent de Santé Communautaire à Gashikanwa:

« Moi-même je ne comprenais pas avant le bienfondé de la Planification Familiale pour nous d’abord et ensuite pour le pays. Après plusieurs informations reçues grâce au PNSR et au UNFPA j’ai pu comprendre, et j’ai commencé à en parler à ma femme, nous avons testé cela et ça fait 3 ans que ma femme est sur l’implant. Maintenant, je sensibilise tout le monde à ce propos. C’est même plus facile quand l’on partage des informations sur la planification familiale en se basant sur notre propre vécu. »

     Quels résultats au niveau national ?

La participation communautaire et celle des hommes en province de Ngozi propulse ladite province en tête au niveau national avec un taux de l’utilisation des méthodes contraceptives modernes de 73%. Ceci c’est au moment où ce taux au niveau national est de 42.5%.

En outre, grâce au financement DFID au Gouvernement du Burundi à travers UNFPA, la participation des hommes, stratégie clef pour accroître l’acceptabilité et la continuité des services de la planification familiale, a contribué à l’augmentation du nombre d’utilisateurs de méthodes contraceptives modernes, passant de 474 590 en 2015 à 508 105 en 2016.

De plus, l’effectif des vies des femmes et filles qui ont été sauvées au niveau national a également augmenté passant de 733 décès maternels évités en 2015 à 785 décès maternels évités en 2016.