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Le Mardi 23 Mai 2017, plus de 70 communicateurs et artistes exerçant dans plusieurs horizons ont été sensibilisés dans une conférence-débat sur la lutte contre les fistules obstétricales au Burundi par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Cette conférence-débat est intervenue dans le cadre du Festival International de Cinéma et de l’Audiovisuel au Burundi (FESTICAB,) dont la 9ème édition avait pour thème le Cinéma et le droit de la femme. Ladite conférence a été organisée alors qu’à la même date, le monde célébrait la journée internationale de lutte contre les fistules obstétricales.

Journalistes (TV, Radio, Presse Ecrite, journaux sur site web), réalisateurs de film et documentaire, scénaristes, comédiens, producteurs, acteurs de sketch télévisés, radiophoniques et théâtraux, artistes compositeurs et musiciens, groupe de jeunes pour danses modernes, la Miss Burundi et ses deux Dauphines, etc. avaient tous répondu présents à cette conférence-débat. Cette dernière ayant comme thème « Parler des fistules = Sauver des vies » consistait non seulement à informer ces communicateurs et artistes sur cette maladie mais aussi à les inviter à briser le silence et le tabou autour des fistules obstétricales en utilisant leur plume, leur micro, leur caméra, leur voix, leur danse, leur talent, leur imagination... pour éradiquer cette maladie et dire à tous qu'en plus d’être traitable et guérissable, elle est surtout évitable.

 
 
 

 Une Journée riche en émotions

La journée était très riche en émotions. En effet, Ces communicateurs et artistes ont eu droit à deux présentations : l’une les dotant d’informations sur les fistules obstétricales et l’autre renforçant leurs connaissances sur les meilleurs techniques et outils de communication qui leur permettront à parler des fistules obstétricales pour d’une part prévenir et donc épargner des vies et pour d’autre part en sauver d’autres. Beaucoup d’émotions ont été aussi suscitées par un documentaire produit par UNFPA contenant des témoignages des femmes fistuleuses avec le calvaire, l’humiliation et le rejet qu’elles vivent à cause de cette maladie. Le même documentaire montre une femme qui a souffert de la fistule obstétricale pendant plus de 20 ans mais qui a par après été traitée et guérie. Il illustre la joie qu’une telle guérison suscite auprès non seulement de la femme guérie mais aussi de sa famille.

Encore plus d’émotions ont été suscitées par deux femmes venant du centre Urumuri en province de Gitega, le seul centre du Burundi traitant cette maladie. Elles étaient accompagnées par leur médecin et leur assistante sociale

 Geneviève Nijimbere, sourire aux lèvres parle de sa guérison de la fistule obstétricale : « Je ne savais pas que je pouvais guérir. La mort de mon bébé, suivi de cette maladie, deux jours après, ne pouvaient que me remplir de désarroi car je ne savais pas ce qui m’arrivait. Mais quand on m’a parlé des fistules obstétricales et qu’elles pouvaient être traitées, cela a changé ma vie. J’ai été soignée au Centre Urumuri et maintenant je suis guérie. » Reconnaissante pour sa dignité retrouvée, elle ne pouvait s’empêcher d’entonner une chanson religieuse louant le Seigneur pour sa guérison et sa dignité retrouvée. Quant à Emmanuella Habonimana, elle souffre toujours des fistules obstétricales, et elle a 20 ans. Elle indique que quoi qu’elle ait perdu son bébé et qu’elle n’ait pas encore été soignée, elle se sent rassurée grâce à toutes les informations qu’elle reçoit au centre Urumuri sur cette maladie. De plus, voir d’autres femmes qui sont guéries la rassure que son tour viendra.

Pendant cette conférence, les participants ont eu plusieurs occasions à poser des questions et ont également eu des temps de réflexion en groupe, s’interrogeant sur ce que chacun pourrait faire tout en utilisant son talent et sa position pour parler de cette maladie pas très connue afin que l’espoir, la guérison et la dignité pour tous soient assurés, comme le thème choisi au niveau international pour cette journée de la lutte contre les fistules obstétricales l’indique si bien.

De la conscience à l’engagement

A la fin de la journée, ces communicateurs étaient on ne peut plus conscients que chacun pouvait faire quelque chose pour arriver à éradiquer les fistules obstétricales au Burundi. Certains n’avaient jamais entendu parler de cette maladie alors que d’autres la connaissaient vaguement et ne savaient pas qu’elle pouvait être source d’autant de désagrément, d’humiliation et de rejet. « Je connaissais vaguement cette maladie, mais la chose qui m’a fort touché, c’est de voir qu’il y’a des femmes qui en souffrent pendant 20 ans, 40 ans et même plus. Cela m’a brisé le cœur », indique Yannick Remezo, journaliste radiophonique. Il indique être rentré avec plusieurs idées et plus engagé à produire plusieurs émissions parlant de la fistule obstétricale.

Quant à Mona-Wilda Kaneza, elle est première dauphine de la Miss Burundi 2016- 2017. Elle indique que c’est la première fois qu’elle entendait parler des fistules obstétricales et qu’elle y mettra désormais toute sa force pour en parler et prévenir d’autres jeunes filles comme elle : « Nous les Miss, nous sommes très suivies sur les réseaux sociaux, je suis jeune fille et j’ai été donc très interpellée car n’importe qui d’entre nous peut en souffrir. Au sortir d’ici, j’en parlerai sur les réseaux sociaux, à mes amies, à celles et ceux qui me suivent, je veux utiliser ma position de première dauphine pour éradiquer cette maladie », témoigne Mona-Wilda qui d’ailleurs avant même la fin de la conférence avait déjà commencé à partager des messages sur les réseaux sociaux appelant à la lutte contre les fistules obstétricales.

 
 
Le même engagement est partagé par Raissa Kaneza, membre de l’Association des Guides du Burundi. Elle indique qu’au Burundi on compte au moins 10 mille Guides (filles et femmes). Parler des fistules obstétricales au sein de son association épargnerait au moins 10 mille vies, précise-t-elle. Quant à Albert Kulu, il est compositeur et musicien. Il se sentait tellement interpellé qu’il a sur place composé une chanson sur la lutte contre les fistules obstétricales. Chanson sur laquelle, les participants ont dansé, prônant ensemble la lutte contre les Fistules Obstétricales au Burundi. « On ne peut rester insensible face aux présentations et témoignages qu’on a vus et entendus pendant cette conférence-débat. Je me sens interpellé à utiliser mon art et aller partout même à l’intérieur du pays pour en parler et donc sauver des vies comme le thème de la conférence l’indique si bien », témoigne le musicien.

 Le Musicien Albert Kulu, en train de chanter une chanson composée sur place, pour la lutte contre les fistules obstétricales. Photo UNFPA Burundi/ Queen BM Nyeniteka

Précisons qu’au Burundi, la prévalence des fistules obstétricales est estimée à au moins 3550 cas avec une incidence de 750 cas par an selon les estimations de 2013 alors que sur 100 femmes qui souffrent de fistules obstétricales au moins 62 perdent leur bébé à la naissance.

Par Queen BM Nyeniteka