« Des amies et pleins d’autres filles subissent encore des discriminations parce qu’elles sont nées filles, d’autres voient leur vie bafouée à cause des grossesses non désirées, plusieurs autres subissent encore des violences basées sur le genre. Ce n’est pas normal et c’est inacceptable », s’exprime-t-elle ! Elle, C’est Jeanne Irakoze du Burundi ! C’est une jeune fille qui à partir de ses 19 ans prend conscience des injustices sociales et culturelles que les filles et femmes subissent. Engagée contre les violences basées sur le genre et pour la promotion des droits des femmes et filles, Jeanne Irakoze a eu ses débuts d’encadrement au sein du centre jeune kamenge, un centre au nord de Bujumbura qui est une structure éducative,sportive,culturelle et récréative des jeunes et que UNFPA a appuyé pendant une décennie. Jeanne Irakoze, se définit comme artiste, slameuse, et activiste. En décembre 2022, celle qui était toujours invitée à des événements organisés par d’autres, organise avec l’appui de UNFPA son propre show intitulé « ASSEZ !!! ».
Mais qui est cette perle engagée ?
Dans un cœur de 19 ans, une noble cause naît…
Née d’une famille de 6 enfants, Jeanne Irakoze, 25 ans, est la cadette d’une fratrie de 4 garçons et 2 filles. En 2016, à ses 19 ans, elle n’en peut plus :« Je me sentais impuissante face au malheur que des filles comme moi et des femmes de ma société subissaient. Je ne supportais plus d’assister sans rien faire, quelqu’un devait dénoncer, prévenir, briser les tabous et crier ASSEZ ! STOP ! »
Comme certains le disent, la vision précède la provision ! En effet, juste au début de cette révolte grandissante, Jeanne fait sa première rencontre avec UNFPA dans un programme de sensibilisation et formation sur la santé sexuelle reproductive des adolescents et jeunes (SSRAJ) dit "Menyumenyeshe" qui se déroulait au Centre Jeune Kamenge (CJK). Le déclic s’opère : « Avec la première formation que j’ai eue avec UNFPA, c’était au CJK, j’ai compris qu’en plus de mes copines et connaissances, il y’a plusieurs autres filles qui abandonnent l’école à cause des grossesses et/ou mariages précoces, il y a plusieurs autres filles qui n’ont pas dans leur famille les mêmes droits que leurs frères parce qu’elles sont nées filles, il y’en a encore plus qui n’ont plus d’espoir. UNFPA m’a outillée, formée et informée ; UNFPA m’a permis de faire des rencontres internationales au 25ème annniversaire de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement ( CIPD 25) au Kenya avec des personnes de tout part qui partagent la même cause. Ceci m’a beaucoup inspirée, mes portes se sont ouvertes et je me suis lancée à faire des « slams basés sur les messages de sensibilisation ».
Une étoile brillante devient un repère pour ses pairs…
Timidement mais sûrement, l’oiseau quitte son nid pour atteindre les plus larges horizons. Jeanne Irakoze plus confiante, se lance et passe des messages forts, à travers son art : le slam ! Elle sensibilise les adolescent(e)s et jeunes, les filles en particulier à prendre conscience de leur santé sexuelle reproductive et leurs droits y relatif; à travers son slam elle sensibilise les couples en particulier les femmes sur leur bonne santé reproductive et autonomisation sans oublier de parler de leur droit à la santé et au choix d’un futur meilleur qu’elles doivent avoir; Jeanne Irakoze lance un cri d’alarme aux autorités et décideurs toujours à travers son slam ; elle dénonce les auteurs de viols et des abus de pouvoir. 6 ans après, elle n’est pas prête de s’arrêter tant qu’il y a encore des filles et/ou femmes privées de leur droit juste à cause de leur genre. Son slam est le seul art qu’elle épouse comme moyen pour alerter, sensibiliser à l’autonomisation, dénoncer, éveiller les consciences.
Pleine de confiance, Jeanne Irakoze organise, en décembre 2022, son propre show et en est très fière. Avec pleins d’émotions, elle s’exprime : « Aujourd’hui, je suis très fière ! Je viens d’organiser mon propre show avec l’appui de UNFPA qui m’a d’ailleurs accompagnée durant ces 6 dernières années. J’ai été invitée à plusieurs événements, à Bujumbura, en provinces, au Kenya pour la CIPD 25, au Rwanda, etc. Partout où j’ai été, je cherche toujours à briser les tabous et amener ceux qui m’écoutent à reconnaitre qu’il y a des violences et abus de toute sorte à absolument mettre fin et bannir". Elle dit qu'elle est chaque fois encouragée quand elle rencontre des jeunes filles, voire même des personnes plus âgées qu'elle lui disant se retrouver dans son slam ou même se sentant inspirer par elle.
A cette étoile montante du Burundi de renchérir qu’à travers son art, elle veut être la voix des vulnérables en particulier les femmes, les filles et les enfants de la rue. Elle n’a pas manqué de saluer la présence dans son show des agents du Ministère burundais en charge de la Solidarité Nationale, des Affaires Sociales, des Droits de la Personne Humaine et du Genre ; la présence des représentants de UNFPA et ONUFEMME, la présence des partenaires et autres artistes, celle des adolescents et jeunes sans oublier la présence de sa propre famille, qui pourtant ne comprenait pas son art et sa mission à ses débuts. « C’est à nous les filles et femmes de faire le premier pas avant tous les autres vers le changement que nous désirons. N’est-ce pas géniale que moi, Jeanne, j’ai pu partir de rien et arriver à atteindre ce niveau aujourd’hui?!» S’exclame-t-elle avec un large rire !
Le meilleur est encore à venir pour cette jeune artiste très talentueuse !
Par Queen Belle Monique NYENITEKA