Chantal Mukeshimana, est une femme mariée de 19 ans qui est à terme de sa première grossesse. Elle sentait la peur au ventre après avoir tout perdu suite aux inondations qui ne cessent de causer des dégâts matériels et humains à Gatumba. Mais grâce à UNFPA Burundi, elle retrouve son sourire, mieux encore, elle retrouve de l’espoir : « J’ai tout perdu, et à tout moment je peux accoucher. J’étais tellement angoissée à l’idée d’accoucher alors que je n’avais absolument plus rien, même pas le minimum pour aller accoucher. Et voilà que vous êtes là, J’en ai les larmes aux yeux », s’exprime-t-elle, larmes aux yeux.
Chantal Mukeshimana fait partie des 189 femmes et filles en âge de procréer, déplacées sur le site Kinyinya II et assistées par UNFPA afin de répondre à leurs besoins les plus élémentaires pour préserver leur dignité. Des kits de dignité leur ont été offerts ce mercredi 06 Mai 2020, et cette opération de distribution des kits a été faite en partenariat avec les volontaires de la Croix-Rouge appuyés par les acteurs du sous-secteur VBG présents sur le site dont OIM, IRC, Social Action for Development (SAD) et l’association communautaire pour la promotion et protection des Droits de l’Homme(ACPDH). Ceci c’est suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur la zone de Gatumba, en commune de Mutimbuzi de la province de Bujumbura (ouest du Burundi). Les collines de Gatumba ont en effet été, ces deux derniers mois, victimes de la forte montée des eaux de la rivière de la Rusizi. Le premier épisode s’est produit dans la nuit du 19 au 20 avril 2020, occasionnant la première grande vague des personnes déplacées dont les plus vulnérables durent être installées dans le site de Kinyinya II. On dénombre environ 185 ménages installés. La deuxième vague s’est observée après la montée des eaux dans la nuit du 30 avril au 1e mai 2020. Cette épisode a été la plus grave et a anéanti tous les espoirs de la population de Gatumba dont la situation était déjà fragile et précaire. Suite à cette situation plus de 10,000 ménages se sont retrouvés en déplacement. Ainsi l’assistance de UNFPA en collaboration avec ses partenaires ne pouvaient mieux tomber. Elle ne comble pas tous les besoins mais suscite un autre sentiment, un sentiment d’un nouvel espoir comme le témoigne Yvette Kwizera, une jeune maman de 21 ans: « Avec la destruction de nos maisons et la perte de tout ce que l’on avait je ne sais pas décrire dans quel état d’esprit nous sommes. A des moments on a des envies suicidaires, se sentant submergé par la peur du lendemain et la conviction qu’on ne peut pas y survivre. Je me regardais avec mon enfant et mon mari et ne croyais plus à un meilleur lendemain », partage Yvette avec plein d’émotions. Elle renchérit : « Avec cet appui de UNFPA et ses partenaires, je sens mon cœur se réconcilier avec Dieu. Ce don ne va pas répondre à tous nos besoins, mais au moins cela suscite plus de chose en moi, je sens mon cœur ressuscité découvrant qu’il y’a des bienfaiteurs qui sont en train de réfléchir à notre bien être sans qu’ils ne nous connaissent. Merci de penser jusqu’à nos besoins les plus intimes et élémentaires, Dieu vous le revaudra », finit Yvette Kwizera, avec son enfant de 1 an au dos. De son côté, Séraphine Nzeyimana, 17 ans, se dit aussi touchée par le don qui lui a été offert. Elle indique être contente que pendant ses menstruations elle ne sera pas couverte de honte et que même la lampe solaire reçu l’aidera à pouvoir réviser ses cours la nuit sans oublier le pagne et la pommade qu’elle pourra partager avec sa grand-mère qui est sa tutrice.
Pendant la même séance de remise de kits de dignité, une sensibilisation a été menée sur les mesures de prévention contre le COVID-19 et contre les violences basées sur le genre (VBG) mais également sur les services VBG disponibles menée par la Croix-Rouge et l’ACPDH.
Il est à préciser que des évaluations rapides des besoins avaient été conduites par les acteurs humanitaires qui ont identifié plusieurs besoins dont les vivres, abris, kits de cuisine, charbon de bois, Kits d’hygiènes, accès à des dispositifs d’hygiène, eau et assainissement, accès aux soins de santé et accès aux services de protection. Les risques d’exposition aux violences basées sur le genre avaient été répertoriés pendant les groupes de discussions. Ainsi, UNFPA avec d’autres acteurs VBG présents sur les sites de déplacement assurent que les femmes et filles accèdent aux services de prise en charge et aux informations nécessaires sur les services disponibles. Des tentes sont également en train d’être installées pour établir des espaces sûrs pour les femmes et les filles. Ces espaces serviront de points d’entrée pour fournir des services de prise en charge psychosociale et gestion de cas y compris à travers des cellules mobiles d’écoute et d’orientation des survivants des VBG.
Par Queen BM Nyeniteka