“Tout ce qui peut arriver à la jeunesse bien portante peut arriver à la jeunesse vivant avec handicap… les changements morphologiques ne regardent pas le genre et le physique des adolescents et jeunes…” nous explique David KWIZERA lors de la formation organisée par le Ministère de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MENRS) en partenariat avec UNFPA Burundi sous le financement du Royaume des Pays Bas. Cette formation organisée du 13 au 14 février 2025 à Ngozi, dans le cadre du programme “Burundi bw’ejo” vise à mettre en place un système d'écoute dans les écoles fondamentales et post-fondamentale mais aussi à renforcer les compétences de 10 points focaux provinciaux, formateurs des formateurs conseillers, ce qui fait référence beaucoup plus à l’éducation et au counseling.
En effet, l'adolescence est une période de transition délicate, marquée par des défis émotionnels et psychologiques importants. Pour de nombreux jeunes élèves, cette période peut être synonyme de crise, affectant leur rendement scolaire et leurs interactions sociales. C'est dans ce contexte que l'écoute et le conseil jouent un rôle crucial. les "tantes et pères écoles" peuvent offrir un espace d'écoute bienveillant et attentif aux élèves en difficulté. Ces figures de confiance créent un environnement où les jeunes se sentent libres de s'exprimer, de se confier et d'être écoutés sans jugement. Cette approche est essentielle pour combler les lacunes laissées par une communication parfois difficile entre parents et enfants.
L'objectif principal de cette session est de former les formateurs des formateurs afin qu’ils soient capables de transmettre l’expertise aux tantes et pères écoles qui ont le counseling dans leur cahier des charges. Le paquet des connaissances et la mise en scène du counseling leur permettra de gérer plus que les situations de la santé sexuelle et reproductive
Grâce à cette formation, ils seront désormais mieux équipés pour offrir une écoute attentive et des conseils adaptés aux besoins spécifiques des jeunes; orienter les jeunes vers des services de prise en charge appropriés en cas de besoin; contribuer à la création d'un environnement scolaire sûr et exempt de violence basée sur le genre.
David KWIZERA, un des participants de la formation qui a représenté la province de Muyinga, a insisté sur le fait que les jeunes, y compris ceux vivant avec handicap, doivent être inclus dans le ciblage de cette formation. “Toute la jeunesse est incluse dans le ciblage de cette formation; les adolescents et les jeunes devront être aussi invités dans cet exercice car les changements morphologiques et le bien-être les concernent aussi”, partage-t-il. Il explique que les jeunes ont parfois du mal à se confier aux adultes, et qu' en tant que formateur, ils vont donner aux "tantes et pères" l'expertise nécessaire pour se rapprocher davantage de ces jeunes et les conseiller en matière de santé sexuelle et de bien-être. Le but étant de donner aux tantes et pères écoles les moyens d’amener ce dialogue également, qui d’habitude avait lieu à la maison seulement, en milieu scolaire.
Spès NDAYISABA ajoute que les jeunes ont besoin de personnes adultes à qui se confier, et que l'initiative des "tantes et pères écoles" a beaucoup aidé. “Les jeunes vivant avec handicap sont à inclure encore plus. On sait tous qu’il ne faut pas discriminer ni stigmatiser les jeunes vivant avec handicap. Il faut les approcher car ils ont besoin de savoir comment gérer ces changements et ainsi pouvoir s’intégrer avec les autres.”
Fidèle MURINDANGABO, un autre participant qui représentait la Mairie de Bujumbura, mentionne que la formation leur a permis d'être davantage à l'écoute de leurs élèves et de les orienter vers leur épanouissement. Il souligne également l'importance de créer un rapprochement avec les élèves et d'éviter qu'ils ne les voient comme des figures d'autorité distantes. “Actuellement l’école a un nouveau nom « l’école ami de l’élève », en tant qu’enseignant nous avons déjà cette aptitude à vouloir créer un rapprochement avec nos élèves et éviter qu’ils nous voient comme des monstres, afin de renforcer cet esprit de camaraderie entre les enseignants et les élèves et même entre les élèves eux-mêmes.”
Ces témoignages soulignent l'importance de mettre les jeunes au centre du dialogue. Afin de garantir le bien-être et l'épanouissement des jeunes élèves, il est essentiel de mettre en place un accompagnement de qualité, notamment par le biais de l'écoute et du counseling. Des initiatives telles que la formation de points focaux et la mise en place de figures de confiance ("tantes" et "pères école") sont primordiales pour atteindre cet objectif. Il est crucial d'écouter attentivement les jeunes, y compris ceux en situation de handicap, et de leur offrir un espace sûr où ils peuvent s'exprimer et se confier, afin de les aider à traverser l'adolescence de manière positive et constructive et à réaliser leur potentiel. Cette approche globale vise à améliorer le bien-être et la réussite scolaire des jeunes, en particulier des filles, tout en réduisant le décrochage scolaire et le nombre de grossesses précoces, et en les préparant à un avenir meilleur et plus sûr.
Par Jessé Kelly INKURIZE
