En novembre, les départements provinciaux d'enseignement (DPE) ont participé à un « concours » bien spécial : enregistrer le plus bas nombre de grossesses en milieu scolaire (primaire et secondaire).
Lancée lundi le 16 novembre dernier pour l'année scolaire 2015-2016 au lycée de Busiga, au nord du Burundi, la deuxième édition de ce « concours » clôturait celle de 2014-2015 remportée par la province Ngozi, avec la réduction de 158 cas de grossesse en milieu scolaire suivi par les provinces Makamba et Rumonge ayant respectivement réduit 107 et 98 cas .
En fait, ce n'est vraiment pas un concours : depuis 2013, le ministère en charge de l'Éducation, en partenariat avec UNFPA, a lancé la campagne nationale annuelle « Zéro Grossesse à l'École. » L'objectif clairement affiché est de tout faire pour qu'aucune élève au Burundi, que ce soit au primaire ou au secondaire, ne mette au monde : « La place des jeunes filles est à l'école et non à la maternité », a rappelé, le Dr Janvière Ndirahisha, Ministre de l'Éducation, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
Et depuis le lancement de la campagne, les DPE rivalisent d'engagement pour réduire le nombre de grossesses en milieu scolaire et les chiffres nous dessinent une progression en termes de réduction des cas de grossesses passant 196 cas à 175 sur 100 000 filles inscrites dans toutes les écoles du pays pour les années-scolaire 2012-2013 et 2014-2015.
L'intégration progressive de l'éducation sexuelle complète dans les curricula scolaires, l'offre des services de santé sexuelle et reproductive conviviaux aux jeunes, l'encadrement des jeunes dans les établissements par des pairs éducateurs, des campagnes de sensibilisation par les agents de santé communautaires en milieux ruraux et l'appui aux acteurs communautaires et la société civile sont des mesures qui ont été déployées pour contrer un phénomène qui hypothèque l'avenir de millier de jeunes filles à travers le pays. De 2009 à 2015, les statistiques compilées parlent de 11.800 filles réduites à arrêter leurs études pour cause de maternité au Burundi.
« Rejetées par nos familles, risquant des complications parfois mortelles le long de la maternité et à l'accouchement, sans moyens pour élever nos enfants, réduites à des mariages forcés pour survivre, nous les mamans précoces vivons de véritables calvaires » a témoigné Nadine.
Suite à l'amertume causée par le témoignage de la jeune fille victime de la grossesse précoce, Sandra, une fille étudiant à l'école secondaire Busiga, improvisa une déclamation émouvante d'un poème intitulé "Je regrette ma jeunesse"
Pour Mme Suzanne Mandong, Représentante de UNFPA au Burundi, « la situation des grossesses en milieu scolaire est critique au Burundi, et ne sera résolue qu'avec l'engagement de tous les acteurs, à la lumière d'excellentes relations entre le Ministère de l'Éducation et UNFPA»
Cette année, le lancement de la Campagne zéro grossesse a été célébrée de manière innovante, car, il a été couplé par la distribution de 600 serviettes hygiéniques réutilisables en faveur de100 filles des écoles à système d'internat. « Ces serviettes hygiéniques vont aider à la gestion de l'hygiène menstruelle de nos filles et renforcer leur estime de soi, leur dignité et leur bien-être. », a déclaré la Directrice du Lycée Busiga.