En vue de constater les acquis et définir des perspectives de pérenisation du projet “Community Based Prevention of Violence and Social Cohesion using innovation for Youth”, UNFPA a organisé en collaboration avec COPED, une rencontre des bénéficiaires directs de l’intervention. Des jeunes agents de changement accompagnés chaque fois d’un conseiller chargé du développement communal, ont été invités à raison de 10 jeunes par commune. Au total 70 jeunes et 7 responsables de l’administation venus des communes d’intervention ont participé à ce forum, tenu le 27 aout 2021 à Gitega.
Après une séance de rappel sur le projet (par le présentation des ses objectifs et les résultats attendus ainsi que le rappel de ce qu’est un agent de changement), la journée a été essentiellement occupée par des témoignages et débats sur les changements enregistrés au niveau individuel mais aussi sur le milieu de vie des jeunes bénéficiaires du projet. Au niveau individuel, tous les 21 jeunes agents de changement qui ont pu prendre la parole affirment que le projet les a guéri du mal de la délinquence. Il y en a en effet qui fréquentaient des groupes de consommation de stupéfiants et passaient la journée à faire des commérages et autres discussions inutiles, pouvant se terminer par des actes d’agressions physiques. C’est le cas de I. R. de la commune Mutimbuzi qui dit qu’elle était rarement trouvable à la maison. Elle n’aidait en rien dans des travaux ménagers. Elle fréquentait toujours des groupes qui organisent des séances de loisir et des occasions de consommer. C’est au contact avec le COPED (partenaire de mise en œuvre du projet), qu’elle a commencé à sentir l’envie de changer de comportement. Les témoignages qu’elle a entendus l’ont en effet très rapidement touchée. Désormais, elle ne voulait pas rater aucune séance de formation parce qu’elle sentait qu’à chaque occasion elle gagnait quelque chose. D’un simple membre, par ailleurs pas très engagée du mouvement scout, elle a progessivement intégré les organes dirigeants de son groupe parce que de plus en plus elle s’impliquait et organisait les autres pour mobiliser des ressources. « Il est vrai que ça ne m’a pas été facile de quitter ma compagnie pour les loisirs, mais j’ai tenu le coup. Je suis arrivée à un stade où j’achète un vélo qui me ramène un versement journalier de 1000 à 1500 francs », se réjouit-elle. De la même manière, elle se félicite que sa famille qui jadis la croyait irrécupérable s’est beaucoup étonnée de son changement. Ses parents n’en revenaient pas en effet au début, quand ils la voyaient partir pour les différentes formations organisées par COPED. Maintenant conclut I.R., « je suis un des leaders de notre Groupe de Solidarité. Nous avons un salon de coiffure collectif et j’ai aussi un autre petit business à moi. Je ne quémande plus. Je peux plutôt dépanner d’autres gens ayant des difficultés financières ».
D’autres étaient également reconnus comme des dangers publics aux sein de leur communauté. Figure dans cette catégorie N. J. de la commune Gisozi. Il affirme qu’il était redouté pour son caratère béliqueux et semait la terreur dans sa localité. Il était tellement brutal et agressif que l’administration et les forces de l’ordre se réunissaitent souvent pour statuer sur son cas. Mais grâce aux interventions du projets et surtout avec les différentes formations organisées à leur endroit, ils ont tous arreté ces comportements et s’atèlent plutôt à des activités visant leur propre autonomisation économique. La majorité d’entre eux peut maintenant subvenir à leurs besoins fondamentaux. Sur le niveau communautaire tous sont plutôt devenus des modèles, des artisants de la paix et de l’entrepreneuriat chez les jeunes. Ils peuvent maintenant jouer le rôle de médiateur dans la résolution des conflits communautaires et mobilisent les jeunes dans des groupements de solidarité. Actuellement, ils sont fiers d’avoir une image différente dans leur communauté comme le témoigne toujours N.J. « Je ne provoque plus de bagarres. Je suis par contre bien intégré dans des groupements de solidarité où je travaille assudument. Je participe aussi dans des séances de résolution pacifique de conflits à côté d’autres médiateurs de paix de notre commune. J’ai même demandé pardon à tous ceux à qui j’ai causé du tort. »
Les responsables administratifs présents à l’atelier ont eux aussi témoigné et attesté que ces changements sont réels et observables chez les jeunes bénéficiares des activités du projet. Ils adoptent en effet un comportement modèle en termes d’initiatives pour une émancipation économique et une coformité aux normes sociales. A la fin ils promettent qu’ils vont continuer et pérenniser les acquis du projet autant qu’il le peuvent. Ils demandent pour cela le soutien et l’encadrement de l’administration. Mais aussi, ils recommandent que de leur côté, d’autres parties prenantes développent des mécanismes et trouvent des moyens pour étendre ce genre d’interventions à d’autres communes, pourqoui pas à tout le territoire national.
Par Dieudonné Nahimana