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1.020 jeunes issus des provinces Ngozi, Kirundo, Makamba, Gitega, Rumonge, Mwaro et Bujumbura ont bénéficié d’une formation sur la résolution pacifique des conflits, la communication non violente, l’entreprenariat, etc. C’est grâce au projet « Appui à la résilience des jeunes faces aux conflits sociopolitiques au Burundi » financé par le PBSO à travers le Fonds des Nations-Unies pour la population (UNFPA) tenant le lead d’un consortium avec l’Unesco et l’Unicef et ce pendant 18 mois. A la fin de ce projet, des jeunes qui sont agents de changement communautaire se sont réunis en atelier du 16 au 17 Septembre 2020 en province de Gitega partageant l’impact de ce projet sur l’aspect personnel et l’impact sur la communauté. Un atelier qui a vu la participation des administrateurs communaux, des Gouverneurs, des Représentants du ministère de la Jeunesse et du ministère de l’Intérieur.

Annonciate Nibarere de la province Kirundo, commune Ntega, est l’une de ces jeunes leaders qui a changé de mentalité grâce à ce projet. Elle témoigne : « Avant, j’étais une moins que rien. J’avais un langage violent à cause des conditions dans lesquelles j’ai grandi, je suis orpheline et j’étais toujours en conflit foncier avec mon frère. On ne se parlait plus, sauf se lançait des menaces et des injures. » Elle ajoute qu’Ils étaient des pires ennemis mais ce n’est qu’après avoir suivi les formations sur la communication non violente qu’Annonciate a décidé d’enterrer sa hache de guerre. Depuis lors, elle s’est réconciliée avec son frère. Ce dernier lui a donné une partie des terres que leurs parents ont laissées. « Maintenant je suis en parfaite harmonie avec mon frère et sa famille. Quant à Delicia Nihorimbere, c’est une jeune fille qui, jadis, ne pouvait pas s’asseoir avec quelqu’un de l’ethnie opposée. Elle a grandi dans un entourage qui lui disait qu’il faut s’en méfier. Mais grâce à ce projet, elle témoigne s’être sentie métamorphosée. Métamorphosée au point où elle est fiancée à un jeune homme de l’ethnie opposée.

Des résultats tangibles auprès des jeunes

Espérance Iradukunda de l’ONG COPED qui, entre autres, a mis en œuvre ce projet, loue une initiative qui a conduit au résultat concret. Elle affirme qu’elle a remarqué des changements visibles au sein des jeunes bénéficiaires. « Aujourd’hui, ces jeunes sont capables de sensibiliser les autres sur la prévention contre les différends ethniques ou liés aux partis politiques. Ils sont dans des associations de développement, ils cultivent ensemble, ils font l’élevage ensemble… Ils sont vraiment soudés », indique, ravie, Mme Iradukunda.


Espérance Iradukunda en train de faire sa présentation sur les résultats du projet
résilience des jeunes face aux conflits socio-politiques.
Photo UNFPA Burundi/ Queen BM Nyeniteka

Ce projet, qui a duré 18 mois depuis octobre 2018, avait deux principaux résultats, comme indiqué par Julien Ouedraogo, qui s’est exprimé au nom du Représentant de UNFPA : d’une part les jeunes filles et garçons sont résilients et contribuent à la réconciliation et à la prévention des violences à travers une meilleure perception du passé, et d’autre part, les institutions nationales contribuent à une présentation constructive du passé aux jeunes filles et garçons. Le projet a ciblé des jeunes victimes des conflits passés et vivant dans des zones touchées par les conflits.

De son côté, le Ministre en charge de la Jeunesse, Ezéchiel Nibigira, a affirmé, dans son discours, que la jeunesse est véritablement l’épicentre du développement et il en est la pierre angulaire. Il affirme que le Gouvernement a fait de la jeunesse une des six grandes priorités nationales.


Le Ministre en charge de la jeunesse en train de prononcer son discours.
Photo UNFPA Burundi/Queen BM Nyeniteka

Après le partage de ces témoignages et des résultats dudit projet, il a été question de vulgariser la résilience des jeunes face aux conflits sociopolitiques, le vendredi 18 Septembre 2020. Cette stratégie a été préparée par UNFPA en partenariat avec le Ministère en charge de la Jeunesse et élaboré par le consultant Sylvestre Ntibantunganya, ancien président de la République du Burundi qui a fait d’ailleurs la présentation de ce document auprès de ces jeunes agents de changement communautaires et administratifs locaux. Ils se sont appropriés de ce livre qui va les guider dans la promotion effective de la résilience des jeunes face aux conflits sociopolitiques.

Au Burundi, explique président Ntibantunganya, la génération qui n’a pas été directement impliquée dans les crises du passé est jeune (moins de 25 ans) et constitue 2/3 de la population. Pour lui, c’est sur cette tranche d’âge qu’une action vigoureuse doit être engagée pour rompre définitivement avec les violences cycliques que le Burundi a connues. Pour lui, le succès de cette stratégie pour la résilience communautaire des jeunes passera avant tout par la prise de conscience par la jeunesse burundaise des dangers divers auxquels elle serait exposée si elle ne parvenait pas à maîtriser les traumatismes. En outre, pour ce consultant et ancien président de la république, cette stratégie n’est pas seulement destinée aux jeunes. Car ces derniers ne sont pas des éléments isolés dans ce pays. Ils ont des parents, des frères. Ils sont dans un pays qui a des institutions dirigeants et d’autres cadres organisationnels. « Cette étude est destinée à tout ce monde-là, pour que chacun puisse se retrouver et voir ce qu’il doit faire pour favoriser et promouvoir la résilience, la résistance au passé douloureux afin de bâtir un avenir meilleur », indique-t-il.


Le consultant Sylvestre Ntibantunganya, ancien président de la République vulgarisant
ladite stratégie de résilience pour les jeunes.
Photo UNFPA Burundi/Queen BM Nyeniteka

Des échanges et questions-réponses ont découlé de cette présentation, ce qui leur a permis d’y voir encore plus clair. Précisons que durant ces 3 jours un match pour renforcer la cohésion sociale a été organisé entre les participants ainsi qu’un concert à la fin de ces 3 jours a été organisé avec pour thématique : « La paix c’est aussi avec les jeunes »

Par Queen Belle Monique Nyeniteka