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De l’Humiliation à l’arrière-cour à la Dignité retrouvée en plein jour

De l’Humiliation à l’arrière-cour à la Dignité retrouvée en plein jour

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De l’Humiliation à l’arrière-cour à la Dignité retrouvée en plein jour

calendar_today 13 September 2018



« J’ai été forcée de vivre pendant 9 ans dans un trou destiné aux briques à l’arrière-cour de la maison de mon père, parce que je souffrais de fistules obstétricales », témoigne Charlotte Nibigira, qui à ses 17 ans a souffert de fistules obstétricales et ce pendant 9 ans. Le souvenir de ses 17 ans est le pire de ses cauchemars. En effet, à 17 ans la jeune Charlotte Nibigira s’est mariée et est directement tombée enceinte. Aussitôt tombée enceinte, aussitôt son mari l’a abandonnée. A l’accouchement, 9 mois après, elle perd son bébé, et tombe au coma pendant 4 jours. A son réveil qui s’est avéré difficile, une autre mauvaise nouvelle l’attend : elle apprend qu’elle souffre d’une condition dont elle n’avait jamais entendu parler : la fistule obstétricale. Le calvaire ne venait que commencer.

Charlotte Nibigira en train de partager sa joie de vivre le calvaire qu'elle a supporté pendant les 9 ans qu'elle souffrait de Fistule. Photo UNFPA Burundi/ Queen BM Nyeniteka
Charlotte Nibigira en train de partager sa joie de ne plus vivre le calvaire
qu'elle a supporté pendant les 9 ans qu'elle souffrait de Fistule.
Photo UNFPA Burundi/ Queen BM Nyeniteka

« J’ai été obligée de retourner chez mon père pour me faire aider par ma belle-mère, mais mon papa m’a directement sortie de la maison et m’a forcée d’aller rester dans un trou qui contenait des briques dans l’arrière-cour de sa maison. Il disait qu’il ne supportait pas les odeurs nauséabondes que je dégageais à cause des selles qui coulaient tout le temps. Ainsi, ces briques ont été sorties de ce trou qui est désormais devenu ma demeure de tout le temps, sans aide, sans espoir, je ne voulais que mourir », partage Charlotte. Ce n’est que 9 ans plus tard, après un long parcours qu’elle a pu être rétablie dans sa dignité et est guérie de cette maladie après être traitée et opérée au Centre Urumuri, en province de Gitega, le seul centre du Burundi traitant cette maladie.

L’immense joie de Charlotte Nibigira est largement partagée par 50 autres femmes opérées et traitées durant les mois de Juillet et Août 2018. Ceci c’était lors d’une première campagne de réparation de femmes souffrant des fistules obstétricales qui a été organisée du 9 juillet au 4 août 2018 par le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida à travers son Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR) et appuyé financièrement par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) au Burundi et Médecins Sans Vacances (MSV). Des consultants internationaux ont été conviés à cette noble tâche de restaurer l’estime et la dignité de ces femmes en opérant ces fistules obstétricales.

Quoi que la plupart des femmes fistuleuses témoignent avoir été abandonnées par leurs époux et leurs familles à cause de cette morbidité, des hommes modèles ne manquent pas. Lino Simpariye faisait 32 km de marche quittant la commune Bugendana pour se rendre à la commune de Gitega, au centre Urumuri pour visiter sa femme Jovite Ndayishimiye qui souffre de fistule obstétricale, tout en gardant à la maison leur autre enfant. Pour lui, en cet état, la femme a plus que besoin du soutien de son mari:

Lino Simpariye en visite au centre Urumuri pour voir sa femme dont la fistule obstétricale venait d’être opérée. Photo UNFPA Burundi/ Queen BM Nyeniteka
Lino Simpariye en compagnie de son épouse Jovite Ndayishimiye au
centre Urumuri, traitant les fistules obstétricales.
Photo UNFPA Burundi/Queen BM Nyeniteka

« Je ne comprends pas les hommes qui abandonnent leurs épouses parce qu’elles souffrent ou tombent malade. Lorsqu’on se marie, c’est pour le meilleur et le pire. Aujourd’hui c’est elle qui tombe malade mais demain ça peut être moi, et j’aurais besoin d’elle tout autant qu’elle a besoin de moi maintenant », partage Lino Simpariye. Il interpelle les autres hommes à soutenir leurs épouses en cette situation et traverser avec elles cette épreuve.

Précisons que durant cette première campagne de réparation des fistules obstétricales, la moyenne d’âge des femmes traitées était de 35 ans et elles étaient porteuses de fistules pendant en moyenne 10 ans. La même campagne a également constitué une occasion de renforcer les capacités de 2 médecins de l’Hôpital Régional de Gitega sur la réparation des cas simples des fistules obstétricales; de 2 médecins du Centre Urumuri formés par UNFPA pour élever le niveau de compétences dans la réparation des cas plus ou moins complexes; de 4 sages-femmes des 4 hôpitaux (Kirundo, Mabayi, Muyinga, Nyanza-Lac) qui affichent un grand nombre de cette maladie sur le diagnostic et la confirmation ainsi que les soins pré et post-opératoires des femmes présentant cette morbidité.

A la fin de cette première campagne, le Ministre en charge de la Santé Publique et le Représentant Résident de UNFPA ont effectué une visite conjointe de suivi pour évaluer ses résultats. Les recommandations qui ont été émises seront suivies durant la deuxième campagne prévue dans les mois de septembre et octobre 2018.

Par Queen BM Nyeniteka