Nous sommes le mercredi 09 Février 2021 à Gatumba en province de Bujumbura, il est 11h et il fait plus ou moins sombre, on dirait qu’il va pleuvoir. Des femmes, certaines avec leurs bébés, et des filles gisent par terre, tristes, la peur au ventre, voyant la pluie qui menace de tomber… encore ! « Rien que voir le ciel s’assombrir, ça me fait mal au cœur et j’ai très peur car nous avons tout perdu à cause de la pluie, nous sommes dans un site de déplacés à cause de la pluie, mon mari nous a quitté ne supportant pas cela, où irais-je maintenant avec mes enfants ? Je me sens désespérée », partage, larme aux yeux, une mère de 3 enfants. Ces femmes et filles ainsi que toutes leurs familles ont tout perdu suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur Gatumba, et ce, depuis 2020.
Ces familles ont beaucoup de besoins, vivant dans plusieurs risques mais les femmes et les filles le subissent encore plus et risqueraient encore plus, si leurs besoins les plus élémentaires n’étaient pas satisfaits. C’est ainsi que le Fonds des Nations Unies pour la Population, UNFPA, a assisté en collaboration avec Croix Rouge Burundi et Social Action for Development (SAD) 880 femmes et filles en âge de procréer provenant de Kinyinya II (500 femmes et filles) et Kigaramango (380 femmes et filles) dans la zone de Gatumba en province de Bujumbura. Cette assistance c’est pour justement répondre aux besoins les plus élémentaires de ces femmes et filles. 880 kits de dignité ont été offert aux femmes et filles en âge de procréer afin de leur permettre de garder leur dignité même en cette situation humanitaire. Ces kits sont composés de pagnes, de t-shirts, de sous-vêtements, des serviettes hygiéniques, des savons, de la pommade, le tout contenu dans un seau qui les aidera à puiser de l’eau.
Aisha Ashura, 20 ans, est mère de 2 enfants (3 ans et 1 an). Elle dit avoir tout perdu suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur leur localité. Quant à son mari, il est parti en République démocratique du Congo ne supportant pas cette situation et il n’est plus rentré. Ce don de UNFPA est source d’espoir pour elle : « Vous pensez peut-être nous avoir donné peu de choses par rapport à tout ce dont on a besoin, mais Dieu seul sait combien c’est énorme pour moi. Je n’avais plus de pagne, et pendant mes menstruations j’avais la honte de ma vie, Oh merci Seigneur pour ce don », partage Aisha. A elle d’ajouter qu’elle n’avait aucun moyen d’aller chercher de l’eau propre mais que désormais c’est résolu : « Ce seau est pour moi comme de l’or, car pour aller puiser de l’eau j’attendais l’indulgence de ceux qui ont des seaux ce qui n’était pas évident car eux aussi ils en ont besoin ».
Quant à Hélène Basekana, jeune fille de 14 ans, elle indique être très touchée par ce don de UNFPA. « Le pagne que je porte est un morceau que ma mère m’a donné, je suis contente d’en recevoir un autre tout entier cette fois-ci », partage-t-elle. Chaque mois, elle vivait le calvaire avec sa maman pendant ses menstruations, car ayant trop de mal à avoir des serviettes hygiéniques. La jeune Hélène a partagé que souvent sa maman lui bricolait une protection en pagne au risque d’avoir des infections et ce par manque de moyens pour acheter des serviettes hygiéniques propres. De son côté, Emerance Barayandema est mère de 3 enfants. Sourire aux lèvres, elle remercie UNFPA et ses partenaires pour ce don. « Nous étions désespérés et vous êtes revenus vers nous comme par miracle. Vous étiez ici l'année passée, et vous voir revenir vers nous avec d’autres dons nous donne plus d’espoir que vous ne nous laisserez pas tomber »
Comme indiquée par Emerance Barayandema, cette assistance par UNFPA intervient après une autre assistance faite auprès de la même cible en mai 2020 à cause de ces pluies diluviennes qui se sont abattues sur cette même localité. UNFPA a organisé ces assistances auprès des femmes et filles pour leur permettre de retrouver leur dignité et d’avoir un minimum d’hygiène surtout pendant les périodes de menstruations. En outre, une telle situation ouvre les fenêtres pour des cas de violences basées sur le genre et les femmes et les filles en âge de procréer sont les plus affectées. Selon Dr Kacou Pierre Konan, délégué du Représentant Résident de UNFPA, il est clair que cette situation a des effets négatifs sur plusieurs aspects de la vie, notamment l’accès aux services de santé qui est réduit et ceux liés à la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles, des conditions d’hygiène qui deviennent précaires et une satisfaction des besoins vitaux qui se rabaisse. « L’assistance que nous vous apportons aujourd’hui vient pour un peu alléger vos besoins et est destinée aux femmes et filles en âge de procréer afin que vos droits restent préservés malgré cette situation particulière », partage Dr Konan.
De son côté le chef de zone Gatumba a partagé au nom de l’administration locale sa reconnaissance auprès de UNFPA et ses partenaires invitant d’autres partenaires et bienfaiteurs à continuer à appuyer cette population vulnérable car l’administration locale ne pourrait pas s’en sortir seul.
Par la même occasion, le Social Action for Development (SAD) a sensibilisé cette population à la lutte contre les violences faites aux femmes et filles qui peuvent être en recrudescence au sein de ces sites de déplacés internes. En effet, les risques d’exposition aux violences basées sur le genre avaient été répertoriés pendant les groupes de discussions. Ainsi, UNFPA avec d’autres acteurs de lutte contre les violences basées sur le genre présents sur les sites de déplacement assurent que les femmes et filles accèdent aux services de prise en charge et aux informations nécessaires sur les services disponibles. Quant à la croix-rouge, elle a guidé la sensibilisation à la prévention contre la pandémie Covid 19.
Par Queen Belle Monique Nyeniteka