“Les footballeurs en général font face à de nombreux défis après leur carrière s’ils ne s’y préparent pas longtemps avant. La particularité est à noter chez les footballeuses, pour qui si les choses ne sont pas sur le bon chemin en souffrent le plus. Il y a des menaces permanentes de violences basées sur le genre, de pauvreté, mais aussi de grossesses non désirées.” a déclaré Arcade Nimubona, Vice-Président de la Fédération de Football du Burundi (FFB).
L’UNFPA Burundi en partenariat avec la FFB, a animé une formation sur différentes thématiques essentielles à la carrière et l’après carrière des footballeuses. Parmi les sujets abordés figuraient la lutte contre les violences basées sur le genre, la santé de la reproduction, et la protection contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuel, mais aussi l’entrepreneuriat afin d’équiper ces footballeuses de compétences qui pourront leur servir dans la préparation et la gestion de l’après carrière.
Les footballeuses ont beaucoup appris sur la santé sexuelle et reproductive. Durant les échanges, elles ont démontré un intérêt certain pour la gestion de leur cycle menstruel, la planification familiale, ainsi que la prévention contre le VIH et les IST. Les footballeuses ont également apprécié les connaissances reçues sur la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et la protection contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuel.
A part les footballeuses, il est à noter que les présidents des clubs dans lesquels elles jouent, les entraîneurs, ainsi que certains membres du staff technique de la FFB, ont également participé aux différentes sessions. Cette initiative a offert aux participants, une occasion inouïe de comprendre les thématiques abordées, d’échanger, mais aussi de partager leur ressenti et leurs témoignages.
Nahimana Esta, footballeuse au sein du club Buja Queens, est mère d’un garçon de 7 ans. Malgré les railleries et découragements qu’elle a dû affronter, elle n’a pas abandonné son rêve de jouer au foot. Elle se réjouit d'avoir participé à cette formation, convaincue que sa vie en sera transformée.“On nous a présenté des stratégies pour gérer notre après-carrière, notamment en démarrant une entreprise ou un projet générateur de revenus.” raconte-t-elle.
“Pour bien préparer son avenir, on commence aujourd’hui. Il faut d’abord épargner et penser aux projets d’avenir.” conseille Dr Sandrine Nishimwe, médecin chargé des footballeuses de la FFB. Elle a rappelé qu’à côté du football, il y a une autre vie. Elle encourage les jeunes joueuses à s’appliquer avec détermination et discipline car il est possible de concilier la vie de footballeuse avec celle de mère.
La capitaine de l’équipe Alina Star New Girls de Bubanza, Nshimirimana Adidja, affirme que cette formation a été très bénéfique pour elle. En effet, à ses 13 ans, elle a eu une grossesse non désirée. Et le père a refusé de reconnaître l’enfant. Elle a donc été obligée de s’en occuper seule. Elle a dû arrêter ses études pour un moment afin de s’occuper de son bébé. Aujourd’hui, sa fille a 14 ans. Même si elle a une fille, cela ne l'empêche pas de jouer au foot et de diriger son équipe. “Maintenant je suis mieux équipée à lutter contre les VBG et à me prévenir contre les grossesses non désirées.” affirme Adidja.
Elle appelle les autres jeunes filles à bien se comporter en écoutant les conseils des médecins, des parents et des présidents des clubs. Elle promet de continuer la sensibilisation afin d’informer les jeunes filles et les femmes qui n’ont pas pu participer à cet atelier.
Dans ce mot, le Dr Nduwimana Jacques, Administrateur Communal de Gitega, a apprécié l'initiative remarquable de l’UNFPA visant à sensibiliser les footballeuses sur ces questions cruciales. Il a également souligné l'impact positif du football dans l’autonomisation économique de ces joueuses.
De son coté, le Vice-Président de la FFB, Arcade Nimubona, a rappelé aux footballeuses qu'il est crucial d'anticiper leur reconversion professionnelle pour éviter des problèmes futurs. Il a aussi insisté sur leur fragilité face aux aléas de la vie et sur l'importance de les accompagner au mieux dans ces moments-là.
“Ces jeunes filles ont des droits, notamment en matière de protection et de santé sexuelle et reproductive.” a précisé le Dr Kacou Pierre Konan, Coordonateur du Programme à l’UNFPA Burundi. Par ailleurs, il a assuré que l'UNFPA s'engage à appuyer la FFB dans l'encadrement et l’accompagnement des jeunes filles pratiquant le football.
À l’issue de cette formation, les 110 jeunes footballeuses issues des dix clubs du Burundi, en ressortent gagnantes. Grâce à cette expérience, elles sont maintenant mieux informées sur des sujets essentiels liés à leur santé et à leur bien-être. De plus, elles sont déterminées à adopter un comportement responsable en vue d’une bonne préparation de leur après carrière.
Notons que l’événement s’est cloturé par un match de gala et la remise officielle d’un acte d’engagement à la FFB, qui s’engage ainsi à lutter contre les VBG, l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuel.
Cette initiative reflète l’engagement commun de l’UNFPA Burundi et de la FFB à promouvoir un environnement sûr et favorable à l’épanouissement des footballeuses, en renforçant leur protection contre les violences basées sur le genre, l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuel. Elle vise également à autonomiser les jeunes joueuses et à leur offrir les outils nécessaires pour construire un avenir serein et épanoui.
Par Yvan Girubuntu