La campagne régionale de réparation de la fistule obstétricale lancée le Mardi 16 Mai 2016 s’est clôturée ce Vendredi 10 Juin 2016. Le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA à travers le centre « URUMURI » de l’Hôpital Régional de Gitega, en partenariat avec le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA) et dans le cadre du projet « Lutte contre les fistules et promotion de la santé maternelle au Burundi » , a organisé cette campagne régionale financée par le Royaume de Belgique, dans les provinces de Ngozi, Kirundo et Muyinga (provinces figurant parmi les 5 premières provinces enregistrant plus de la moitié des femmes déjà opérées des fistules obstétricales de 2010 à 2015).
Des 100 femmes fistuleuses examinées, 85 femmes ont été opérées et 82% présentaient des fistules obstétricales complexes. Deux experts internationaux venant du Mali (un Urologue) et du Burkina Faso (un Chirurgien des fistules obstétricales) ont été conviés à cette noble mission de redonner le sourire et la dignité à ces femmes burundaises souffrant de fistules obstétricales.
Cette même campagne était aussi le moment idéal de partager les témoignages de toutes ces femmes qui souffrent en silence de cette invalidité, causée pour la plupart par des mariages précoces avec leur corolaire, à savoir les grossesses et maternités précoces.
Cette jeune femme de Kirundo témoigne : « Je me suis mariée presque à 17 ans et je suis directement tombée enceinte de ma première grossesse. J’ai eu des difficultés pour accoucher jusqu’à faire une césarienne. Mon bébé était déjà mort. Deux jours après, je souffrais déjà de fistule obstétricale. Je suis très contente d’avoir été soignée. Au retour dans mon village, je vais œuvrer pour la prévention des fistules obstétricales. J’ai un seul message pour les autres adolescentes et même pour les parents afin d’éradiquer les fistules obstétricales : « STOP AUX MARIAGES ET GROSSESSES PRECOCES ».
« Je souffre de cette maladie pendant plus de 40 ans. Le retard dans la prise de décision pour aller accoucher dans une structure sanitaire en a été la cause. Une animatrice communautaire est venue m’informer qu’il existe un centre de traitement gratuit de fistules obstétricales. Quelques jours après, les équipes médicales sont venues nous prendre après la confirmation de cette maladie. Je dis grand merci à ceux qui contribuent au fonctionnement de ce centre. Que Dieu les bénisse ».
« Un sentiment d’objectif atteint anime nos cœurs », témoignent les deux experts internationaux. Pour eux, il ne s’agissait pas de se rendre au centre « URUMURI » uniquement pour opérer les fistules obstétricales, mais c’était également pour le transfert de connaissances et de compétences. Au total, 8 médecins ont été formés et 6 infirmiers/sages-femmes. Ils indiquent avoir été impressionnés par le centre « URUMURI » pour sa très grande organisation, remarquant qu’il pourrait même être un centre régional de formation des équipes médicales. Selon ces mêmes experts, ces médecins formés sont en mesure d’opérer un certain nombre de cas de fistules obstétricales tout en nécessitant un accompagnement pour opérer les cas les plus difficiles. Certains parmi eux pourront même devenir des experts nationaux pour renforcer les capacités des autres médecins tant du pays que ceux des pays de la sous-région, ajoutent ces experts internationaux.
Pendant cette campagne, ces femmes avaient besoin non seulement d’être soignées mais aussi d’une approche globale psycho-sociale et complémentaire pour traiter ces fistules obstétricales. C’est pour cette raison que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a augmenté sa contribution mensuelle pour pouvoir nourrir les femmes à opérer pendant cette campagne.
Le Dr Brigitte Ndelema, Médecin Responsable du centre « URUMURI», seul centre burundais traitant les fistules obstétricales, a également exprimé sa grande satisfaction à la fin de la campagne de réparation des fistules obstétricales. Cependant, les défis restent énormes, ajoute-t-elle. Alors que l’enquête nationale de 2013 estime de 750 nouveaux cas de fistule obstétricale par an, le centre « URUMURI » accuse d’une capacité très réduite d’accueil face à cette forte demande. Rien que 60 lits sont disponibles. Selon Dr Ndelema, Il conviendraot d’avoir au moins 100 lits et étendre le bloc opératoire de cet hôpital pour en avoir au moins deux, réservés uniquement au traitement chirurgical des fistules obstétricales.
La Ministre en Charge de la Santé Publique et de La Lutte contre le Sida, très satisfaite des résultats de ladite campagne, s’est engagée, au nom du gouvernement du Burundi, d’augmenter l’effectif des médecins de ce centre, passant de 2 à 4 médecins pour garantir la disponibilité et la qualité des soins au niveau du centre de traitement. Pour éliminer cette morbidité, Dr Josiane Nijimbere a également promis qu’un accent sera également mis sur la prévention.